A la banque Emmaüs, les « clients » retirent… des meubles

Quand elle a enfin pu sortir de l’hébergement d’urgence pour entrer dans un « vrai » logement, Elvire, 37 ans, a d’abord sauté de joie… Avant d’être très vite rattrapée par la réalité des familles en grande précarité. « Mon appartement était évidemment vide. Et je n’avais même pas les moyens de le rendre habitable. Ici j’ai pu acheter les éléments indispensables pour me meubler — une table, des chaises, un lit, du petit électroménager…— pour moins de 300 € au total. »

Cette mère célibataire et son fils de 7 ans, qui retrouvent peu à peu une vie normale dans un vrai logement, ont été les premiers bénéficiaires de la Banque solidaire de l’équipement, dont lancement a été annoncé hier. Rien à voir avec un nouveau venu dans le monde de la finance. Cette « banque », mise en place par l’association Emmaüs Défi en partenariat avec le groupe Carrefour et la mairie de Paris, est en fait un nouveau dispositif social pour aider les plus démunis à « reconstruire » un vrai foyer lorsqu’ils retrouvent un logement.

Des produits neufs qui viennent des invendus et des fins de séries « Notre système fonctionne selon le même principe que la banque alimentaire. Il s’agit tout simplement de récupérer des produits encore en état mais qui sont devenus difficilement vendables pour les remettre en circulation », explique Jean Deydier, président d’Emmaüs Défi. Contacté par l’association d’insertion, Carrefour a répondu favorablement à la demande. L’entreprise, qui a signé une convention de quatre ans avec Emmaüs Défi, s’est engagée à mettre à sa disposition des meubles et du petit matériel pour la maison. « Ce sont des produits neufs. Mais qui proviennent de fins de séries ou de stocks d’invendus, détaille Noël Prioux, directeur exécutif de Carrefour France. Dans la grande distribution, il faut que les marchandises tournent vite. Les invendus finissent souvent à la benne. Autant éviter ce genre de gâchis. » D’ores et déjà, l’entreprise a livré à Emmaüs 50 semi-remorques remplies d’objets « essentiels » pour l’ameublement de base d’un logement. Un « appartement témoin » contenant tous ces objets a été aménagé à l’étage du bric- à-brac qu’Emmaüs gère sur le boulevard Jourdan dans le XIVe. Un showroom moins design que celui d’un magasin de meuble à la mode… mais nettement meilleur marché. On y trouve pêle-mêle un aspirateur à 19 €, un four micro-onde à 20 €, un lit superposé à 60 €, des lampes à 2 € ou encore des couettes à 7 €.

« Les prix sont 4 à 5 fois plus bas que dans le commerce », note Charles- Edouard Vincent, directeur d’Emmaüs Défi, en rappelant que l’association, qui emploie près de 80 salariés en insertion, doit tout de même demander une participation aux acheteurs. La Banque solidaire de l’équipement, ouverte exclusivement aux familles orientées là par les services sociaux de la Ville de Paris, devrait accueillir 250 « clients » d’ici à la fin de l’année.

Pour retrouver l’article : http://www.leparisien.fr/espace-premium/paris-75/a-la-banque-emmaus-les-clients-retirent-des-meubles-08-06-2012-2037590.php 2/2