L’équipe de la BSE est fière d’avoir aidé la première bénéficiaire du dispositif Logement d’Abord en Seine-Saint-Denis dans son installation. Elle a pu acquérir trois lits, pour elle et ses deux enfants, du mobilier pour les chambres et le salon, ainsi que de nombreux équipements de cuisine et salle de bain.

Le Logement d’Abord, qu’est-ce que c’est ?

L’approche du Logement d’Abord est née aux Etats-Unis (Housing First) dans les années 1990. Son théoricien Sam Tsemberis, psychologue de l’Université de New York, défend l’idée que logement ne devrait pas être le but final mais la condition préalable à une sortie de la grande exclusion.

C’est l’association Pathways To Housing à New York qui a mis en place le dispositif pour la première fois, à destination des personnes sans-abri souffrant de troubles psychiques et effectuant des séjours réguliers en hôpital psychiatrique, entravant la stabilisation de leur parcours. Au fil du temps, le public cible s’est élargi aux personnes séjournant longuement en centres d’hébergement, ou quittant une institution (hôpital psychiatrique, prison…) avec le risque de se retrouver à la rue.

Concrètement, il s’agit de proposer un domicile en premier lieu à des personnes qui n’en ont pas, et de poursuivre un accompagnement personnalisé au sein du foyer (santé, emploi, culture, vie sociale…). Seul critère d’éligibilité : les personnes doivent être en situation administrative régularisée.

Un changement d’approche radical

Cette démarche se situe aux antipodes de l’intervention publique française envers les sans-abri telle qu’elle a été mise en place depuis les années 1980. Les parcours d’hébergement avant l’accès au logement pérenne se caractérisent en effet par une série de solutions temporaires, impliquant des déménagements réguliers, source de fatigue physique et émotionnelle.

Placer le logement à la fin d’un parcours d’hébergements pose un autre problème : la rupture nette avec l’accompagnement social dès l’accès au logement pérenne. L’objectif du parcours dit « en escalier » est l’accès au droit commun ; or les mesures spécifiques sont conçues comme transitoires (hébergement d’urgence, centres d’hébergement et de réinsertion sociale). Il n’existe donc pas vraiment de passerelle vers le logement pérenne, alors que certaines personnes ont du mal à s’approprier leur nouveau foyer. La Banque Solidaire de l’Equipement a d’ailleurs été créée dans l’idée d’accompagner cette transition.

Il s’agit donc de repenser en profondeur les modes d’intervention et les pratiques sociales pour l’aide aux personnes en situation d’exclusion, le logement devenant le point de départ de mesures d’accompagnement globales.

Le Logement d’Abord en Seine-Saint-Denis

En France, la mise en place d’un dispositif du type Logement d’Abord apparaît dans les priorités gouvernementales depuis 2017. Le Conseil Départemental de la Seine-Saint-Denis s’est donc engagé dans cette démarche. Comme 23 autres territoires du pays (dont la Ville de Paris), il été retenu en mars 2018 par le Ministère de la Cohésion des territoires pour une expérimentation. Depuis le mois de décembre 2018, deux travailleurs sociaux d’Interlogement93 sont chargés de la mise en place du dispositif, et travaillent en partenariat avec le bailleur Seine-Saint-Denis Habitat pour l’attribution des logements.

« C’est un travail expérimental, on crée de nouveaux outils en permanence », explique David Ferrag, coordinateur de la plateforme d’accompagnement du Logement d’Abord 93. « Le dispositif va s’évaluer dans le temps, il faudra voir ce qu’on va réajuster. Il faut également construire l’accompagnement directement au sein de l’appartement. Mais pour l’instant, avec les facilités d’accéder au logement rapidement – un passage rapide en commission, pas de concurrence sur les logements – et les possibilités d’aides financières comme le FSL, les premiers effets du dispositif sont très encourageants. »

L’objectif pour 2019 est de dédier 150 logements à Logement d’Abord en élargissant le partenariat à d’autres bailleurs, et de former une équipe de 10 travailleurs sociaux, avec pour but de doubler les effectifs et le nombre de logements dédiés en 2020.

En proposant une offre d’équipements neufs à petits prix, la Banque Solidaire de l’Equipement s’imbrique parfaitement dans ce dispositif. Un système d’orientation par les travailleurs sociaux permet aux dons des entreprises partenaires du programme d’être utilisés à bon escient.

« La BSE est une aide précieuse pour un premier aménagement », nous confie David Ferrag.

« Les logements sont vides. Quand nous rencontrons les familles, en faisant un point sur leur situation sociale et matérielle, on se rend compte que c’est impensable de leur donner les clés sans le minimum pour s’installer. »

 

Par Elisa Starling