La Banque Solidaire de L’Équipement travaille main dans la main avec plus de 400 structures d’accueil et d’accompagnement de publics en situation de grande précarité à Paris, Lyon et en Seine-Saint-Denis. Ce sont ces associations et institutions qui font le lien entre la BSE et les personnes qui en ont besoin. Nous publions des zooms sur celles et ceux qui font vivre ces structures au quotidien sur le terrain, pour vous permettre de découvrir le métier de travailleur.se social.e et la grande diversité des structures de l’aide sociale à la personne.

La Sauvegarde de l’Adolescence est une association d’action sociale et éducative au service de la protection des enfants, des jeunes et des familles, et de l’insertion sociale et professionnelle des jeunes et des adultes. Créée en 1929, elle accueille et accompagne chaque année plus de 6 000 personnes dans ses huit sites parisiens.

Zoom sur Mélissa, 25 ans, éducatrice spécialisée qui travaille à la Sauvegarde de l’Adolescence depuis 2 ans.

Quel est ton rôle au sein de la Sauvegarde de l’Adolescence ?
La Sauvegarde développe différentes activités. Dans le Pôle Insertion Logement, je travaille au service Accompagnement Vers et Dans le Logement (AVDL) : c’est une aide de l’Etat destinée aux ménages reconnus prioritaires au titre du DALO. Nous accompagnons les personnes qui ont d’importantes difficultés financières et sociales dans leur accès au logement puis lors de leur installation, elles nous sont orientées par la Préfecture. À Paris, nous sommes 7 opérateurs AVDL, mais la spécificité de la Sauvegarde est que nous accompagnons les personnes de moins de 30 ans.

Mélissa a orienté plus de 30 familles vers la BSE Paris

Avec une trentaine de personnes suivies par mois, mon travail se répartit en deux phases. La première, c’est le diagnostic : je fais une sorte de “photo” de la situation de la personne ou de la famille, pour voir mes possibilités d’intervention. Ensuite vient la phase d’accompagnement, qui se fait à la fois avant la proposition de logement, pendant et après. C’est un travail très administratif mais également éducatif, qui correspond à ma formation d’éducatrice spécialisée.

Intégrer un logement, c’est un grand changement dans une vie, et le changement fait peur et bouscule.

J’accompagne donc les personnes à la fois à mon bureau de l’association mais aussi à leur domicile, ce qui est très important dans le lien que l’on crée. Chez les personnes ou dans un café, il y a une relation plus personnelle qui se construit. Je suis également présente lors de la première visite du logement, la signature du bail… à partir du moment où je reçois une personne, il faut en moyenne un an avant la clôture du dossier (en comptant 3 à 6 mois d’accompagnement après la signature du bail).

Quelles sont les spécificités du travail social auprès des jeunes ?
Les moins de 30 ans font face à des problématiques de logement très spécifiques. Contrairement à des personnes plus âgées, les jeunes vont évoluer et n’ont pas vocation à rester éternellement dans le logement qu’ils obtiennent avec moi. C’est donc d’autant plus difficile de parler de logement “pérenne” avec ce type de public. Il est important de noter que c’est en général leur première expérience locative : c’est donc un moment décisif dans leur parcours de vie. Beaucoup de jeunes n’ont encore jamais investi un logement et sont peu conscient.e.s de toutes les responsabilités que cela engendre : ça peut être une vraie source de panique.

Travailler auprès des jeunes, c’est aussi travailler en partenariat avec une multitude d’acteurs comme les services de protection de l’enfance ou d’accompagnement au handicap… La Sauvegarde travaille aussi en lien avec les services d’insertion professionnelle. Mais là encore, c’est souvent compliqué pour les jeunes que l’on accompagne de s’insérer dans un monde en changement perpétuel… Il y a beaucoup de personnes qui ont de réelles difficultés à reprendre une activité.

Pourquoi as-tu choisi de travailler dans l’aide sociale, et plus particulièrement dans l’aide au logement ?

On parle souvent de vocation pour les travailleurs sociaux. C’est vrai que j’ai toujours été attirée par le social, mais plus largement par l’idée de faire quelque chose d’utile, rendre service aux gens. On n’est pas Superman, mais c’est quand même chouette quand on voit qu’on fait bouger les choses dans la vie des personnes qu’on accompagne.

J’ai donc passé le concours d’éducatrice spécialisée, qui est un diplôme d’Etat, et j’ai suivi en parallèle une licence de psychologie, ce qui se complète parfaitement. La formation d’”éduc spé” est vraiment bouleversante. J’ai travaillé 6 mois en centre maternel avant d’arriver à la Sauvegarde. C’est après un stage dans un centre d’accompagnement que je me suis spécialisée dans le logement. Je trouve que finalement, le logement est central, c’est la porte d’entrée qui permet de travailler sur toutes les dimensions de la personne (santé, insertion professionnelle…). C’est d’ailleurs cela la philosophie du Logement d’Abord qui émerge en France en ce moment. La formation des nouveaux repères est extrêmement importante pour la stabilisation de la situation des personnes (l’entrée dans un nouveau quartier, avec de nouveaux voisins…)

C’est un métier passionnant, avec ses difficultés bien sûr, comme les moments d’impuissance, ou la précarité des hébergements dont on peut être témoin. Mais il y a également de grands moments de joie : la signature du bail est l’aboutissement d’un parcours très long et très complexe.

L’accès à la BSE est aussi un très bel accomplissement : on voit des personnes qui ont intégré et investi leur logement et qui retrouvent une vie normale, et c’est la plus grande satisfaction.

 

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