Djaffar est aujourd’hui heu-reux ! Après des années de galère dont 6 mois à la rue, et grâce à presque 5 années en insertion chez Emmaüs Défi, « un gros tremplin », cet homme qui ne pensait pas s’en sortir « vit la belle vie ». C’est aussi et surtout en aidant les autres, avec ce sentiment d’être utile, qu’il a trouvé tout son équilibre.

En 2012, Djaffar perd son emploi de chauffeur sur Marseille, suite à un licenciement économique. Il s’installe alors à Paris pour s’occuper de sa mère qui décède seulement deux semaines plus tard. L’enterrement coûte cher, il s’endette, et la spirale infernale commence. Après deux années de luttes, de « volonté de s’en sortir seul » et faute d’emploi, il perd son logement. Sans ressources, il passe plusieurs mois à la rue. C’est à cette époque qu’il a recours à la Bagagerie Antigel, une association où il est aujourd’hui bénévole et membre du Conseil d’administration !

Le premier tournant, celui qui change sa vie, intervient à l’obtention d’un studio à la Maison Relais d’Emmaüs qui vient d’ouvrir rue de Javel dans le 15ème arrondissement de Paris. Un toit au-dessus de sa tête, Djaffar va pouvoir redémarrer et retrouver un emploi… chez Emmaüs Défi. A sa grande surprise, c’est seulement quelques jours après avoir suivi une réunion d’information avec Catherine, Responsable de l’accompagnement, qu’il commence à travailler. Son expérience professionnelle de Chauffeur – livreur l’oriente vers le Service Logistique qui deviendra, deux ans plus tard, L’Equipage, entreprise d’insertion spécialisée dans la gestion de stocks et la livraison.

Djaffar travaille pendant presque 5 ans chez Emmaüs Défi et participe à tous les déménagements : de la Porte de la Chapelle, en passant par Roissy, jusqu’à Rungis où l’Equipage gère actuellement un entrepôt de 3247 m² de stockage. Il est le plus ancien de l’équipe et se fait naturellement « leader sans jouer les chefs » : les amitiés se tissent, on l’écoute. Son esprit indépendant le pousse à prendre des initiatives. Il « aime le travail bien fait, que tout soit bien rangé ». Les livraisons sont parfois pénibles « surtout quand il n’y a pas d’ascenseur » mais il ne lâche rien. Encouragé par Mathieu, Florent, Camille, Catherine, et bien d’autres permanents chez Emmaüs Défi, il tire définitivement un trait sur ses années difficiles.

En janvier 2018, après avoir postulé sur plusieurs offres d’emploi et prenant confiance en lui, Djaffar décroche un poste de chauffeur-livreur chez Phenix, « une boîte magnifique ». Tous s’accordent à le dire : « ce travail est fait pour lui ». Cette entreprise sociale est spécialisée dans la réduction de gaspillage et de valorisation des déchets. Autonome, à bord de son véhicule, Djaffar fait la tournée des associations : Armée du Salut, Frères missionnaires, Montparnasse rencontre… « Personne n’est sur mon dos », il gère ! En parallèle, il est bénévole auprès de la Bagagerie Antigel. Maintenant, c’est lui qui vient en aide aux personnes SDF. Il accueille les nouveaux venus, participe aux séjours de remobilisation et est membre du Conseil d’administration, entre autres. Ses journées sont bien remplies : « je suis très occupé, j’ai un carnet de rendez-vous ! » dit-il dans un éclat de rire.

Djaffar conclut : « je ne pensais pas m’en sortir mais aujourd’hui, la vie est rose. Je ne suis pas plus intelligent que n’importe qui, mais je me suis bougé pour m’en sortir et vis même mieux qu’avant ».